Pour apporter des réponses, M me Malchair entend porter, au sein du syndicat socialiste, une réflexion sur le travail du sexe. Avec des collègues, elle a organisé fin 2018 un premier colloque à Namur sur le statut des TDS. Les esprits y ont été marqués par un discours dune prostituée membre dUtsopi. Nous ne sommes pas des objets sexuels, mais des sujets politiques, avait plaidé Julie Arcelin. Nous refusons toutes les violences à notre encontre, celles des clients mais aussi et surtout celles de la société. Nous refusons les jugements étriqués, nous refusons dêtre étiquetées, nous refusons que nos vies, nos histoires soient dictées par le mépris. Il paraît inadmissible de soustraire au droit social des personnes qui se trouvent souvent dans une des situations les plus précaires et vulnérables sur le marché du travail. Cette prise de parole a ouvert les yeux de certains membres de la FGTB, relate M me Malchair. Elle-même plaide pour la reconnaissance du travail du sexe et loctroi de droits. Beaucoup de TDS travaillent de leur plein gré. Lamalgame entre le travail sexuel et la traite des êtres humains est à éviter, dit-elle. Un nouveau colloque sera organisé à Liège au printemps pour réfléchir plus concrètement à la mise en place dun statut spécifique. M me Malchair entend creuser la question juridique, notamment la législation sur le proxénétisme, et développer un mémorandum à remettre aux instances de la FGTB. Il semble toutefois que cet ordre de grandeur soit corroboré par les résultats du dénombrement réalisé par la direction de la sécurité de proximité de lagglomération parisienne DSPAP de la préfecture de police de Paris. En effet, sur les 837 personnes prostituées recensées dans les rues de Paris le 1 er octobre 2010, 165 personnes seulement étaient de nationalité française 20, contre 607 personnes étrangères 72 et 65 pour lesquelles il nest pas possible de déterminer la nationalité. Le pourcentage avancé par lOCRTEH semble donc confirmé par le dénombrement effectué, à Paris, par les services de police. Eboueur ou cadre, ils viennent pour une étreinte, assouvir leurs fantasmes ou, tout simplement, parler. Certains leur offrent des fleurs ou deviennent des amis. Peu se montrent agressifs. Quand les jeunes sont un peu énervés, je leur dis Wesh wesh, on se calme, et ils rigolent, dit Kedidja, qui sinquiète : Et le smicard qui a besoin dune gâterie, il va aller où? LES PEINES ENCOURUES PAR LES AUTEURS DE TRAITE DES ÊTRES HUMAINS Conseil national du sida, VIH et commerce du sexe : garantir laccès universel à la prévention et aux soins, 16 septembre 2010. Les renseignements à fournir comprendront notamment le signalement des délinquants, leurs empreintes digitales et leur photographie, des indications sur leurs procédés habituels, les procès-verbaux de police et les casiers judiciaires. Témoignage cité par Suzanne Cagliero et Hugues Lagrange, dans La consommation de drogues et dalcool dans le milieu prostitutionnel féminin, 2002. QUATRIÈME PARTIE : REFONDER LES POLITIQUES PUBLIQUES POUR VOIR RÉGRESSER LA TRAITE, LE PROXÉNÉTISME ET LA PROSTITUTION rappeler par voie de circulaire lensemble des bonnes pratiques à mettre en œ uvre circulaire du ministère chargé de lImmigration. Lenjeu financier est en particulier présent dans le cadre de la prostitution étudiante. Mme Éva Clouet, montre ainsi que le besoin dargent constitue une motivation importante de lactivité prostitutionnelle des étudiants. Ainsi, lassociation toulousaine Grisélidis, qui mène une action à destination des personnes prostituées sur Internet depuis trois ans, constate que les personnes prostituées occasionnelles de moins de trente ans sont généralement des étudiantes qui préparent une thèse, et qui se prostituent afin de financer leurs études. Une traite mondialisée, Le Nouvel Observateur, 12 novembre 2009. Audition du 16 novembre 2010 de Mme Odile Schwertz-Favrat, représentant lassociation Fasti. Les mineurs exercent dans différents quartiers parisiens : à proximité de la Porte Dauphine et Gare du Nord pour les jeunes garçons de toutes nationalités ; les jeunes filles de lEst exercent plutôt boulevard des Maréchaux et dans le bois de Vincennes ; celles originaires dAfrique sont localisées dans le quartier de la Goutte dOr. C Léquilibre du système prostitutionnel assuré par les réseaux Le rapport et les propositions quil contient prennent pour point de départ que la prostitution est forcément liée à la traite des êtres humains. Or, historiquement, ce nest pas vrai, et ce nest pas aujourdhui vrai pour la totalité des personnes prostituées. En réalité, la proposition consistant à pénaliser le client de la prostitution peut sentendre comme un constat déchec de la lutte contre les réseaux. En effet, la véritable réponse réside dans la lutte contre les réseaux, dont la violence est insupportable. Mais, alors que la lutte contre le proxénétisme au niveau national a été couronnée de succès dans les années 1970, en permettant presque de léradiquer, le constat daujourdhui est celui de léchec et de limpuissance face aux réseaux internationaux de prostitution.
De façon générale, la tendance est à la diminution des crédits alloués aux associations. Ainsi, trois délégations de l Amicale du Nid ont perdu, en 2010, lintégralité des subventions qui leur étaient versées par les DDASS, à loccasion de leur transformation en direction départementale de la cohésion sociale. Le Conseil national du sida note ainsi que plusieurs DDCS ne souhaitent pas entamer ou poursuivre de partenariats avec les associations de santé ou de santé communautaire. L Amicale du Nid est confrontée à une baisse des crédits publics très problématique. Or, la stabilité des budgets des associations est nécessaire pour mener à bien une action de réinsertion efficace, qui peut prendre plusieurs années. De même, lassociation IPPO fait actuellement face à un grave problème de réduction de son financement. En effet, lassociation a subi en 2010 une baisse de ses crédits publics de 110 000 euros sur un budget denviron 260 000 euros. En tant quex-chef dentreprise, explique-t-elle, jétais réservée à une clientèle huppée dhommes daffaires ou politiques locaux du nord de la France. Mise à disposition de véhicule à une personne sy livrant à la prostitution Si lapplication de linfraction de proxénétisme semble plutôt satisfaisante, le bilan est plus nuancé en ce qui concerne lutilisation de linfraction relative à la traite des êtres humains et la mise en œ uvre des dispositions tendant à protéger les victimes de la traite. Linfraction dexhibition sexuelle est parfois utilisée pour incriminer des faits liés à lactivité prostitutionnelle. Au plan local, les maires et les préfets disposent de la police administrative et peuvent dès lors interdire, pendant une période de temps limitée et dans des lieux précis, le stationnement ou la circulation de véhicules ou de personnes. Ces deux moyens juridiques ont en commun dêtre des outils généraux, visant à protéger lordre public, appliqués à la prostitution. Nous avons souhaité travailler en partant des principes qui fondent notre République : légalité entre les hommes et les femmes, le respect de la dignité, la lutte contre les violences quelles quelles soient, notamment les violences de genre. Beaucoup des réflexions que nous avons menées trouvent des points de convergence non surprenants avec le travail fourni dans le cadre de la mission sur les violences faites aux femmes. De même, Mme Éva Clouet, dans le cadre dun mémoire de sociologie publié en 2008, a mené une étude auprès des étudiants de médecine et de psychologie de deuxième année de luniversité de Nantes. Il apparaît que sur 138 personnes ayant répondu au questionnaire, 4 étudiants affirment connaître, dans leur entourage, un ou une étudiante qui se prostitue. Ce chiffre doit toutefois être interprété avec précaution. En effet, le champ de létude étant restreint, il nest pas impossible que ces quatre étudiants évoquent la ou les mêmes personnes prostituées I. COMBIEN Y A-T-IL DE PERSONNES PROSTITUÉES AUJOURDHUI EN FRANCE?
a Lescorting se définit essentiellement en opposition à la prostitution de rue.